11

Brolin dégaina lentement son Glock et fit un pas vers Annabel. Celle-ci fixait toujours ce qui se trouvait face à elle. Elle cligna des yeux et souffla doucement. Elle temporisait.

Une partie de la tension déserta Brolin. Il s’approcha précautionneusement, l’arme tendue devant lui malgré tout.

Il dépassa l’arbre qui le gênait et il suivit le regard d’Annabel jusqu’à la paroi rocheuse d’où tombait la cascade.

Il ne lui fallut pas longtemps pour la repérer.

Une forme blanche, filandreuse. A quatre mètres du sol, suspendue entre deux branches.

Brolin fit un dernier pas et posa une main sur le bras d’Annabel, pour lui signifier sa présence tout autant que pour la réconforter un minimum. Il siffla le plus fort possible, à l’intention de Meats et Salhindro.

— Je crois qu’on a trouvé, cria-t-il.

Sans toutefois ranger son arme, il la baissa ; le pourtour de ses yeux se plissa tandis qu’il essayait de discerner ce qu’était la forme blanche dans l’arbre.

Elle était grande, peut-être un mètre cinquante ou plus encore. Et elle...

Il déglutit.

C’était une forme humaine, recroquevillée. Un homme ou une femme dans... Il porta une main à sa bouche sans s’en rendre compte.

Dans un cocon.

Comme celui d’une araignée.

 

*

**

 

À bonne distance des quatre individus, une fougère se souleva doucement. L’ombre qui se déplaça n’était pas aussi silencieuse qu’il l’aurait fallu, mais elle savait qu’on ne pouvait l’entendre de là-bas, le bruit de la chute d’eau était bien trop fort.

Elle jubilait.

Même à l’heure des préparatifs, jamais elle n’avait espéré ressentir une telle joie. C’était divin. Et dire que ça n’était que le début... Rien que le début.

La silhouette leva l’objet qu’elle tenait à l’abri sous les longues feuilles. Le soleil ne passait pas très bien sous la frondaison, mais il valait mieux être prudent, il suffisait d’un reflet pour qu’elle soit repérée.

Un large sourire plaqué aux lèvres, elle commença à mitrailler la scène.

Avec un maximum de gros plans sur les quatre visages.

Une succession de déclics mécaniques brefs et ils furent tous capturés dans la boîte.

Leur tête, leur corps.

Et leurs identités n’allaient plus tarder.

 

*

**

 

Annabel prit ses tresses et les noua en queue de cheval pour la énième fois depuis la matinée. Elle était nerveuse.

— Je vais voir le corps, on ne sait jamais, fit-elle. C’était la première chose à faire en arrivant sur une scène de crime. Tout comme Brolin, elle savait néanmoins que c’était ici peine perdue, la victime était affaissée, en équilibre sur les branches, entièrement emmitouflée dans sa toile collante.

— Il faut sécuriser le périmètre, ajouta-t-elle. Seconde règle.

Le détective privé se pencha vers elle :

— Tu connais les procédures mieux que moi, tu dresses les limites de la scène de crime, pendant ce temps je vais faire un rapide tour d’horizon.

Il allait s’écarter lorsqu’elle le retint par la manche.

— Josh, mets les pieds là où nous avons marché pour venir, il faut conserver un chemin et un seul, préserver le reste de la zone intacte.

Il lui adressa une esquisse de sourire et recula.

Annabel examina le sol jusqu’à l’arbre dans lequel le corps reposait. Elle se choisit un itinéraire en prenant soin de passer par là où elle ferait le moins de dégâts et de traces. Elle fit attention avant chaque pas à ne pas marcher sur une empreinte quelconque et rejoignit le tronc.

Les branches craquaient de temps à autre sous le poids du cocon transparent. Annabel inclina la tête, il lui sembla distinguer la silhouette d’une femme, le bord d’un sein pendait mollement sur le flanc gauche.

Mon Dieu... Qu’est-ce qui s’est passé, ici ?

Elle chercha parmi les branches basses pour se trouver un appui. Il n’y avait qu’une possibilité. Si je passe par là, je risque d’effacer les empreintes du tueur. Elle scruta encore l’arbre sans trouver d’autre prise. Annabel savait pertinemment rien qu’en regardant cette forme qu’elle était morte. Mais tu dois y aller, s’il y a une chance, même infime pour que cette femme respire encore, tu ne peux pas la laisser filer. Elle pesta et attrapa le bas de sa robe. Avant de partir, le matin, elle avait troqué ses sandales contre de petites tennis blanches, plus adaptées à la marche, et avait pensé qu’une robe légère serait parfaite pour le climat. Elle n’avait pas pensé une minute qu’elle escaladerait un arbre pour examiner un cadavre. Après avoir noué le bas de sa robe sur le dessus de ses cuisses, elle s’agrippa à un trou dans l’écorce et se hissa vers les premières branches. Elle prenait soin de poser les mains là où c’était le moins logique, se compliquant l’ascension ; elle espérait sauver de cette manière quelques-unes des traces laissées par l’auteur de cette macabre mise en scène.

La chute d’eau crachait ses hordes bouillonnantes à plusieurs mètres, le tourbillon d’humidité qui en résultait avait sûrement effacé les empreintes de doigts ou de paumes, Annabel le savait. Tout ça commençait bien mal.

Elle était à deux mètres du sol, et leva la tête.

C’était bien une femme, nue. Enveloppée dans un sarcophage de soie immaculée. La pellicule de fil n’était pas très épaisse, aussi Annabel put se rendre compte que le crâne de la victime avait été tondu. Elle fronça les sourcils. Le bois craqua au-dessus d’elle.

Annabel assura sa prise et se rapprocha encore un peu du corps.

Elle était à trois mètres du sol. Ses longues jambes bronzées en appui sur l’arbre, les muscles saillant sous la peau.

Le fil épousait parfaitement la silhouette immobile, et plus Annabel s’en approchait, plus elle avait la conviction que c’était bien de la toile d’araignée. Parfaitement filée autour du corps, en un long tourbillon ordonné.

Avec le bruit de la cascade dans son dos, Annabel avait l’impression d’être seule dans cette forêt, aucun autre son ne lui parvenait. Brolin pouvait être à trente centimètres d’elle, l’accompagnant dans son escalade qu’elle ne s’en rendrait pas compte. Il n’y avait que le déferlement de l’eau et les grincements des branches supérieures autour d’elle.

Annabel se mit sur la pointe des pieds mais ne parvint pas à distinguer le visage dans le cocon.

Elle se faufila entre deux rameaux et grimpa un peu plus.

La femme sous son linceul aérien était parfaitement immobile.

Annabel ne voyait pas encore son visage. Il était tourné de l’autre côté, vers l’extérieur du cône végétal.

En s’appuyant sur un ergot qui dépassait, le genou d’Annabel entra en contact avec l’épaule sous la toile. La jeune femme retira immédiatement sa jambe. C’était exactement la texture de la soie d’araignée.

La main de la femme glissa de sa hanche. Cela fit une petite bosse mouvante sur le dessus du cocon, comme une créature sous un tapis.

Annabel avala sa salive. C’est à cause des vibrations que tu produis en te déplaçant. Cette femme est morte. C’est impossible autrement.

Tout l’environnement s’estompa, y compris le mur d’eau de la cascade.

Annabel se cramponna à ce qu’elle trouva et se pencha sur le torse, frôlant sa texture fibreuse. Une odeur d’épices provenant de la femme la saisit.

Dans un équilibre précaire, elle allongea le cou tant qu’elle put pour distinguer ce visage absent...

Le crâne gris récemment rasé...

L’hématome rosé, marbré de vermillon, sur l’extrémité de la tempe... Les rides creusées...

Annabel reçut un coup en plein estomac.

Le visage de cette femme était épouvantable. Elle hurlait.

La mort l’avait arrachée si violemment à son existence qu’elle avait laissé à son enveloppe le reliquat d’un vécu trop intense, trop lourd à charrier dans les limbes.

Celui de l’effroi.

Elle était morte en hurlant de terreur.

Joshua Brolin était au bord de la grande mare, il se désigna de l’index avant de lui signifier par des moulinets de la main qu’il allait faire le tour du périmètre. De l’autre côté, Lloyd Meats approuva et lui indiqua qu’il allait le rejoindre. Il disparut bientôt derrière un rocher en compagnie de Larry Salhindro.

Brolin se tourna et recula pour avoir une vue d’ensemble.

Celui qui avait abandonné le corps ici avait certainement emprunté le même passage qu’eux. De part et d’autre de la cascade, un mur de pierre d’environ cinq à six mètres rendait l’accès aux hauteurs difficiles, il semblait peu probable que l’individu soit arrivé par là avec un corps sur les bras. Non, il venait de l’est, du sens de la pente. Brolin s’écarta d’environ cent mètres depuis le cocon et marcha perpendiculairement au torrent. Les sens en alerte, il guettait le moindre signe suspect.

La découverte du corps n’avait pas diminué son inquiétude. En d’autres circonstances, il aurait songé que c’était ce que le tueur voulait, uniquement les guider jusqu’au cadavre, pour bien leur signifier que le jeu avait commencé, et qu’il venait d’ouvrir le score. Ce type de personnalité cherchait à narguer les flics, pas à les tuer, pas directement du moins, il fallait d’abord qu’ils sachent qui ils avaient en face d’eux. Ici, la situation était toute différente. D’après ce que Lloyd Meats leur avait rapporté, le message téléphonique était précis, l’adolescent était au courant pour les araignées en ville, et il avait bien dit que ça n’était que le début. Ensuite il les avait orientés jusque dans cette forêt. Si c’était lui qui avait apporté le corps là, il était très certainement celui qui éparpillait des araignées dangereuses dans toute la ville. Et c’était bien cela qui préoccupait Brolin. On retrouvait dans cette démarche le même type de mode opératoire que chez le poseur de bombe. Il devait repérer les lieux, s’y introduire frauduleusement, installer son piège – son ou ses araignées – avant de partir. Il n’assistait pas à l’incident, le plaisir n’était pas là. Il ne cherchait pas la confrontation directe avec ses victimes. Brolin savait que bon nombre de poseurs de bombe étaient machiavéliques, beaucoup aimaient à prévenir les secours ou bien attendaient que leur engin explose et que la police et les premiers soins soient sur les lieux pour faire sauter une deuxième charge.

Et cette situation y ressemblait. Le corps servait d’appât au même titre qu’un coup de téléphone, et une fois les forces de l’ordre sur place... le vrai danger surgissait.

Brolin fouilla du regard les buissons, les talus de fougères, dont la mêlée dodelinante ne lui permettait pas de distinguer grand-chose. Il coupa à angle droit après cent mètres et continua en direction de la paroi d’où jaillissait la chute d’eau. Il avait couvert une zone assez large tout autour du corps. Bredouille, il revint sur ses pas.

Lloyd Meats arrivait, la sueur au front, il avait fait tout le tour depuis le sentier, un kilomètre plus bas.

— Les téléphones portables n’ayant pas de réseau par ici, Larry est parti nous chercher des renforts, ils ne seront là que dans cinq heures. Et avec ce chemin qu’il faut faire à pied, on n’aura pas droit à tout l’équipement habituel. (Son visage prit un air encore plus sévère.) C’est bien ce que j’ai cru voir, n’est-ce pas ? C’est un corps ? Brolin hocha la tête.

— Allons-y.

Après s’être assurée qu’il n’y avait aucune trace de pas autre que les siennes, Annabel avait multiplié les allers-retours au pied de la petite falaise pour ramasser de longs bâtons qu’elle avait alignés jusqu’à délimiter un passage entre la mare et l’arbre dans lequel se trouvait le cocon.

— Suivez les morceaux de bois, ordonna-t-elle aux deux hommes quand elle les vit approcher. Tout le reste du secteur doit rester tel que le tueur l’a laissé à son départ.

Le mot « tueur » était la confirmation de ce que craignait Lloyd Meats.

— Vous avez grimpé là-haut ? demanda-t-il à la jeune femme.

Elle fit signe que oui.

— Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais c’est... Enfin c’est pas un suicide. Je n’ai touché à rien pour laisser les techniciens de la scène de crime faire leur boulot, néanmoins je devais monter m’en assurer.

— Vous avez bien fait. L’équipe technique ne sera pas là avant la fin d’après-midi.

Annabel inspecta brièvement les environs en tournant la tête de droite à gauche. Sans se l’avouer, elle était choquée. Son instinct de flic reprenait le dessus, elle avait besoin de s’occuper, d’être « professionnelle » pour ne pas repenser au cadavre.

— Dans ce cas, peut-être pourrait-on commencer le travail ? lança-t-elle. Compte tenu de la taille de la zone à fouiller, je propose de procéder selon la méthode en bande, à trois c’est l’idéal...

Elle capta alors la lueur – presque amusée s’il n’y avait eu cet environnement de mort – dans l’œil de Meats.

— Oh, pardonnez-moi, fit-elle, confuse. Ce sont les habitudes, je suis désolée, c’est vous le flic ic...

— Non, non, au contraire, vous faites exactement ce qu’il faut. Je suis de la vieille école, plutôt à faire des croquis de la scène et laisser les techniciens faire tout ce boulot, alors... Vous avez raison, c’est le moment d’agir. Donc, comment fait-on pour cette fouille selon la méthode en bande ?

Elle lui répondit d’un sourire qui n’aurait pas eu cet air factice si elle n’avait vu ce visage terrorisé un quart d’heure plus tôt.

— On avance tous les trois en parallèle, chacun sur une bande d’un mètre de large, et on quadrille toute la zone de cette manière. Je pense qu’on peut chercher dans un périmètre d’une cinquantaine de mètres. S’il y a quoi que ce soit, nous n’aurons qu’à planter un bout de bois pour simplifier le travail des techniciens. Bien sûr, on ne touche à rien.

— Ça me paraît bien.

Meats tourna la tête vers Brolin, ce dernier cligna lentement des paupières en signe d’acquiescement.

— C’est parti... conclut Meats en s’emparant d’une petite branche morte.

Ils se lancèrent dans leur quête de l’insolite, de l’empreinte de pas, du mégot ou du paquet de chips abandonné. Pendant trois heures, ils remuèrent les fougères et se brisèrent le dos.

Sans remarquer la silhouette dissimulée de l’autre côté de la mare.

Lorsque celle-ci eut obtenu tout ce qu’elle voulait, elle rangea son appareil dans son sac à dos et ouvrit la bouche.

Sa petite langue pointue glissa sur ses lèvres en y laissant de minuscules filaments de bave.

Puis elle recula.

Et disparut dans la nasse végétale.

Maléfices
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